Le Gros secret : cinquième épisode
Cinquièmes analyses
Jolie métafiction, les romans imaginaires sortent du néant pour devenir plus réels que jamais sous la plume de leurs éminents critiques.
Résumé du livre « Le Gros secret »
À propos du genre littéraire de ces Cahiers de l’Hydre de Lerne, cette copieuse brochure, qui fait alterner textes de et textes sur, on peut dire qu’elle est une construction étonnante qui contribue à éclairer auteurs et œuvres.
Dans ce premier Cahier, les textes les plus intéressants sont sans doute les Courtex, ou même les écrits périphériques renseignés en notes de bas de page.
Pour cet auteur, plusieurs des textes font une référence directe à la légèreté d’une école buissonnière par rapport, entre autres, avec une espèce d’encyclopédisme (feint ou non) de ses lectures et le jaillissement de sa polygraphie
S’il fallait choisir, entre les contributions, celle qui semblerait simultanément la plus empathique et la plus interpellante, le choix irait sans doute à celle de Minily & souris, la sœur de l’écrivain : « Je m’avance peut-être trop, mais j’ai tout lieu de croire que, dans son subconscient, il mettait les livres au-dessus des dieux. Plus qu’à ceux-ci, c’était à ceux-là qu’il vouait un culte. »
Lou Salomé
Le flux et le reflux de la reine
Lorsque notre Culottin rencontre la magnifique reine du Pays Enchanté, son nombrilisme indécent le pousse à demander des comptes. Bien entendu, la reine ne l’entend pas de cette oreille et envahit le registre de la description comme une marée d’esquifs liliaux. Culottin, un instant désemparé, se rend rapidement compte de ce qu’il risque : le désintérêt et l’abandon.
La reine Pamélasse, qui agit bien souvent en despote allumé, n’est pourtant qu’un cénotaphe mécanisé par le récit.
Son peuple, soumis par la chaleur et la frugalité, soutient les lettres et porte les mots. Un véritable travail de fourmis se cache derrière chaque phrase du « Gros secret ». Pamélasse règne en maîtresse absolue, mais se trouve, en même temps, en difficulté ; pas d’héritier mâle pour son mari Basile II. Elle est donc à la merci des manigances de Milos Troutku, qui n’hésite pas à utiliser sa garde personnelle pour changer, en sa faveur, des paragraphes entiers.
Extrait :
« La reine Pamélasse, pendant la route, était parvenue à ôter le câble qui liait ses pieds : en arrivant sur le rivage, elle sauta lourdement à terre et prit la fuite. Mais le sol était spongieux ; en arrivant au haut de la dune, elle glissa et s’effondra sur ses genoux ronds.
Une idée la cassa sans doute ; elle comprit que le « Gros secret » la privait de son allocation et resta dans l’attitude où elle se trouvait, la tête penchée et les mains jointes. »
C’est, bien entendu ce côté anormalement superstitieux de Pamélasse que va utiliser le détestable Milos Troutku pour asseoir son pouvoir. Nous reconnaîtrons dans ce rapport compliqué, la base de bien des romans.
Quant au château rose de Bellefontaine, il se situe dans un contexte historique que n’aurait pas renié Auguste Maquet.
Drôle de personnage que ce de Saint-Maur, sorte de petit singe-jongleur qui, pour arriver à ses fins, nous fait ici une belle allégation. Non seulement « Le Gros secret » est lisible, mais en plus, il se targue d’être amusant.
La reine Pamélasse dévaste les poulpes envieux de sa classe, par sa ferveur pour Couillonnet. Elle dérape et se rattrape au bastingage de ses amours déçues.
Est-ce pour autant un personnage important ?
Non, nous souffle notre subconscient, inconscient des audaces programmées de toutes ces émeutes sémantiques.
Il nous faudra du temps pour nous rendre capables de visions romanesques telles que nous en propose « Le Gros secret »…
La reine, en se retirant vers l’horizon rougeoyant de ses menstrues, nous révèle comme un pétard, que le monde ne sera plus celui que nous chérissions. Son don incompréhensible, page 549, de la clef à Culottin, trace un immense parallèle avec la naïveté coupable de Sidonie Frang et remet, une fois de plus, sa calvitie licencieuse à l’honneur.
Extrait :
« – Approchez, mes braves dit la reine, approchez, j’ai à vous réprimander.
Les hommes s’approchèrent en s’inclinant ; Culottin les suivait par derrière.
– Boufre ! continua le reine, neuf gardes de Milos troutku mis hors de combat en une heure ! C’est trop, messieurs, c’est trop. A ce compte là, il sera forcé de renouveler son escouade dans deux jours. Un, par hasard, je ne dis pas ; mais neuf en une heure, je le répète, c’est trop, c’est beaucoup trop. »
Politiquement, Pamélasse est très claire : il y a les « enchantés » et ceux qui « servent à les enchanter ».
Sincèrement obstrué par toutes ces pratiques, Couillonnet retourne à ses fonctions lointaines, non sans avoir maudit la reine et le Pays Enchanté.
Par cette prouesse commémorative, l’écrivain flirte dangereusement avec des textes qui ont, bien souvent, été cités en exemple par ses exégètes, comme étant des points culminants de sa théâtralité épicurienne.
Nous connaissons, maintenant, tous les motifs arcimboldiens de ses ouvertures. Les prétextes pattemouilles de ses défis. Sa vie qui, sans avoir été éblouissante, a quand même éclairé des navires. C’était un homme de goût, rebelle et sans malice, qui à chaque occasion prônait la cadence du blizzard.
On peut noter (si on veut) ses traits d’esprit quelque peu morbides, mais au-delà, c’est bien l’obstination, une fois encore, de claustrer à jamais Pamélasse dans un présent qui deviendrait éternité.
L’auteur poursuit plus avant cette domination du temps dans les deux volumes du « Gros secret », Culottin se voit confier un pot de confiture étrange qui lui permet de bisser le temps, ou de le faire s’écouler à l’envers.
Il en fait l’expérimentation pour la première fois lors d’une promenade dans le Pays Enchanté au cours de laquelle sa confiture magique lui permet de pénétrer dans différents lieux de perdition.
G de SM
Courtex (inédit)
La Meule à melons
Dans un décor de meules de foin, des types tout nus coiffés d’un chapeau melon parlent avec un accent italo-mexicain :
– « Ay, caraï ! voici oun mélon ! »
-« Ma qué cé mélon, il a bésoin d’être meulé. »
Le chœur :
– « Meule, meule, meule ! »
Un des membres se trompe et répète plusieurs fois le mot « moule ».
Comprenne qui pourra…
Shocking
Le « Gros secret » nous réserve des surprises. Particulièrement choquée par le nom de la reine du Pays Enchanté, je rongeais mon frein pour pouvoir dire haut et fort, tout ce que je pensais de ce jeu de mots imbécile.
Le romancier enfermé dans son sexisme primaire ne se rendait pas compte du mal qu’il pouvait provoquer. Ses saillies (considérées par ses aficionados comme des perles) ne soulevaient rien en moi que du mépris.
(Jérôme Pitriol ne nous prévient-il pas lorsqu’il nous dit, dans son analyse, que : « Tous les personnages du roman donnent la nette impression de chercher quelque chose au niveau du sol à longueur de temps. ») ?
Heureusement, « Le Gros secret » vaut beaucoup mieux que cela. Sa phraséologie est envoûtante et sa narration prenante.Je dirais même que si l’on prend la peine de soulever les tampons des clefs du saxophone, on découvre, ravi, que le Pays Enchanté a encore de beaux jours devant lui. Évidemment ce n’est qu’un décor de carton-pâte, mais il convient à merveille aux acteurs du récit.
Notre romancier n’arbitrait pas ses personnages ―il les définissait à peine.
J’ai l’impression qu’il n’amplifiait rien.
On ne connaît leur récit qu’à la vingtième ou trentième page. l’écrivain se laissait entraîner jusqu’au summum. Il aurait aimé faire mieux encore. Mais il savait que jamais il n’atteindrait en coïncidences le réel…
Comment ne pas faire un rapprochement entre Pamélasse et la Reyne Rouge de Carroll ?
Ne sont-elles pas reines toutes les deux ?
Bien sûr, le Pays Enchanté ne se dévoile pas comme celui du Miroir (un échiquier géant). Mais l’on devine, au hasard de ses petits chemins, les grilles interminables du château.
Pamélasse, qui recevra tout le monde en audience, nous la baille belle.
Culottin, dans le collimateur des gardes, est plus dominé que dominant, plus prisonnier que sanglier, même si, finalement, il finit par s’imposer.
Milos troutku, religion entre les dents, donne l’assaut.
La reine, elle-même, joint les mains, terrifiée par la mort, et prie pour une divine rédemption. Troutku triomphe, le roman devient un livre de psaumes.
Qui pourrait se déplacer sans fouler les tapis épais ?
Couillonnet bien sûr, qui nous revient des Champs-Élysées, tel un Jonas recraché par un poisson factice. Il réintègre, encore une fois, la petite montagne de pain d’épice et joue, riant, les archers fureteurs.
Pamélasse nous exhorte à faire une course-relais, (Jérôme Pitriol dans son analyse Un Roman à clefs, mais… ne se pose-t-il pas la question : « pourquoi les personnages se passaient-ils la clef tout au long du roman, exactement comme auraient fait des athlètes avec le relais dans un 4×100 mètres ? »)
Le témoin ? Un gros dodo ou un gras dada. l’un comme l’autre sont ses favoris.
Pour Pamélasse c’est la chute libre au chapitre 90. Élevée dans le luxe et la soie, elle enfile, à cause de la révolution, son costume de misère, et mange des radis couverts de terre : « Dussé-je voler ou tuer, je jure que je ne connaîtrai plus jamais la faim. » L’horizon rubescent vient appuyer ses dires.
C’est ainsi, bien souvent, que se conclut la lutte des classes. Emportée par un tourbillon avide, l’ex-reine du Pays Enchanté va se réfugier dans les bras de Couillonnet.
Extrait :
« Vous savez par conséquent comment je vous vois, Couillonnet. Je vous vois parce qu’insensible à toutes mes astreintes, vous vous êtes obstiné à rester au Palais de Bellefontaine où, en restant, vous courez risque de l’exécution et me faites courir risque de ma dignité ; je vous vois pour vous dire que tout nous sépare, les profondeurs du roman, l’inimitié des analystes, la sainteté du maudit Troutku. »
Couillonnet !
Sur qui nous n’aurions pas parié une livre.
Le voici qui passe la chicane et accélère son débit comme un perdu. En agissant de la sorte, il brûle un peu ses dernières forces dans un struggle for life stérile. Une ferme allégeance à Culottin (Le héros du roman) lui serait salutaire, mais Pamélasse est là, intransigeante et inquiète de son sort. Symbole caduc de la monarchie, elle représente néanmoins un danger. Les royalistes, rassemblés sous la houlette de Milos Troutku, veulent continuer à employer l’imparfait du subjonctif et à porter dentelles et perruques, ce qui ne convient plus du tout au rythme du « Gros secret » actuel.
Fendant l’espace et le brouillant comme un crocodile brouille la lagune, ce dernier imprime au récit une thématique de saine compétition et une ambiance de têtes de cerfs empaillées.
Lou Salomé
Courtex (inédit)
On me força à me prosterner devant le roi de France. Il portait une cape bleu-blanc-rouge et une couronne en forme de tour Eiffel. Autour de lui moult gardes du corps, bérets noirs et pains baguettes chargés, le protégeaient.
Je retins ma respiration. Ma mâchoire se gonfla comme les bajoues d’un hamster.
— Alors, me dit le roi en marocain, koulchi laabess ?
J’hallucinais comme un quart d’acide. Durdecanard enfonça, avec malveillance, son coude dans mes parties.
— Réponds au roi, me dit-il, menaçant.
Pamélasse, femme allumette
Arguons que pour notre ami, pour qui une plume était une plume et rien d’autre, d’où qu’elle vienne (principe qu’il appliquait toujours à la lettre de manière à ne froisser aucune sensibilité) des luttes des classes aux émeutes sémantiques, il n’y a pas l’ombre d’un hémistiche.
« Emeutes sémantiques »… Quèsaco?
Lisons : « Pamélasse, cénotaphe mécanisé du récit »… Et vlan dans les dents… De la mère ?
Mais n’allons pas si loin.
Savoir quel type de relation l’écrivain entretenait avec la sienne ne nous intéresse pas. Avec Barthes et son plaisir du texte, ne considérons que le texte donc, le plaisir aussi que nous en retirons ou pas.
« L’inconscient des audaces programmées de toutes les émeutes sémantiques » ? Tout est là. Inutile de traduire. Pousser aussi loin que possible le bouchon de l’audace – Pamélasse femme allumette (imaginez l’affront, quand il s’agit d’une reine qui plus est « allumée », déjantée, ainsi que l’est l’auteur lui-même), devrait être la règle pour tout récit qui se respecte et se tient à distance de toute forme de procédé à la con que l’on reproduira à l’infini (voir les cénotaphes mécanisés du récit, sorte de commémoration de modèles narratifs aussi éculés qu’ennuyeux) et, donc, se fixe comme ambition de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !
Et c’est là où je veux en venir : car, en effet, s’il existe une esthétique saint maurienne, là nous la trouvons. Dans une spontanéité anar-rative qui laisse entrevoir des « horizons rougeoyant de menstrues », dans cet art du tête à queue. l’auteur, singe priapique (car ne débandant jamais son arc, tel Éros toujours en quête de « vagin » – je veux parler ici du « vagin-récit ») le sait, que ledit récit se doit de déraper (imaginez, un vagin qui dérape !) s’il veut être lisible et éclairant (surtout !). Déraper pour mieux se raccrocher au bastingage du sens ou du nonsense.
En sortir donc, puis tenir bon la barre. Oui, face au blizzard…
Comment Culottin a-t-il bien pu se retrouver le nez dans la farine page 666 ?
Un problème de mise en page ?
Des marges trop étroites ?
Des lignes trop serrées ?
Il est de notoriété publique que l’écrivain maltraitait parfois ses personnages, qu’il leur imposait des épreuves que même un être humain normalement constitué n’aurait pu supporter.
Plus encore dans « Le Gros secret » que certains menaçaient parfois de saborder à coups de révélations croustillantes lorsque leur prenaient des envies de digresser et donc de prendre le large en toute liberté.
La reine Pamélasse, souffrant d’un début de psoriasis vaginal, s’en lavait chaque fois les mains, elle qui régnait de manière absolue sur les sujets parfois brûlants que lui soumettait notre homme, et qu’elle contribuait à persécuter sexuellement.
Selon de rares témoignages figurant en bas de pages, Trotku trouva vite la parade à leur démonomanie, prétextant, chaque fois que l’auteur le convoquait pour une mission “très “ spéciale auprès de la reine, une chaude-pisse carabinée.
Philippe Sarr
Courtex (inédit)
— Il n’y a rien par là. Vous perdez votre temps.
Clockwell se retourna et me fit un doigt d’honneur. Une méchante odeur de momie emplissait l’étroit boyau où nous nous étions engouffrés.
— Et ça ? Me dit-il en désignant un parapluie noir couvert de gravats.
— Ça ne prouve rien ! Si les plans du tombeau ne sont pas dans le manche, alors ce n’est pas le parapluie d’Hammourabi.
Clockwell dévissa le manche qui émit un bruit de flatulence. Les hiéroglyphes tombaient par morceaux. J’avalai goulûment une gorgée d’eau croupie.
Une analyse très dialoguée
— Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Ainsi voici que se dessinent les côtes salines de ce Pays dit Enchanté, devant la proue de notre esquif : est-qu’y faut-il bien accoster ? Voyez cette eau tellement pourpre que les poissons en changent de sexe. Visez-moi donc ce petit singe, qui faisant l’œuf s’agite autour du sémaphore, rempli de tics de sémantique. Oui capitaine, le sémaphore des saltimbraques, le phare fêlé des saltimbanques !
— Cher mouchaillon ne glissez pas dans la piscine, vos parasites me brouillent l’écoute ! Tous ces calmars sur l’écoutille : prenez donc garde à vos esgourdes. Un pas de trop et c’est à l’eau que vous tombez, pour retrouver les cachalots et c’est assez !
— Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Voyez au loin celui nommé sieur Culottin. Qu’agite son poing avec colère… Qu’y a-t-il eu donc qu’il soit ainsi aussi chafouin ?
— J’ai dans l’idée, cher mouchaillon, que Pamélasse, la connaissant, a pris les fesses du misérable pour une serrure, et a tourné bien vite la clé dans son fondement, le renvoyant, comme un jouet tout remonté, à c’qu’on appelle ses chères études…
— Le malheureux ça doit faire mal !
— Mon mouchaillon, il faut savoir que pour percer le « Gros secret », la neuvième porte doit être ouverte… Et maintenant j’aimerais bien, que mon crochet vous astiquiez : la reine m’attend très dignement. Et la pareille nous lui devons, car après tout nous sommes Anglais et débarquons !
Benoît Patris
D’un inconnu :
Je m’aperçois que de plus en plus de gens parmi ceux que je croise dans la rue parlent et s’expriment comme lui.
Contamination, inconscients qui communiquent, envoûtement ?
Affaire à suivre…
Le Gros Sujet de la Reine Pamélasse
Pour la reine Pamélasse, le « Gros secret », c’est Culottin. Exactement comme elle considère Sidonie Frang comme la petite rasoir.
Elle fera de l’une son esthéticienne à domicile et ne convoquera l’autre que pour l’enfermer à double tour derrière les murs d’un lieu de retraite, alors que lui ne rêve que de donner l’assaut au premier signal.
Nous ne sommes pas prêts d’oublier cette scène d’anthologie : Culottin se présentant aux portes du palais de la reine Pamélasse, au garde-à-vous dans son plus bel uniforme. Avec son pot de confiture.
Il se dérobera aux ordres, dans tous les sens des termes, et l’entrevue, en définitive, tombera un peu à plat.
Mais quelle scène, nom de Dieu, quelle scène !
Jerôme Pitriol
Courtex apocryphe (attribué à Jérôme Pitriol)
Si l’auteur s’était donné la peine de créer autre chose que des personnages verticaux ou horizontaux, ceux-ci auraient peut-être fait plus que se croiser au cours du livre.
Etoile des Neiges, Pays Enchanté
Pays Enchanté, Pays merveilleux où les bancs de sable s’étendent à perte de vue.
Où le roulis de la mer enchantent nos oreilles.
Où le soleil luit comme les vieilles casseroles en cuivre des cuisines de nos grands-mères.
L’écrivain insuffle un souffle nouveau au « Gros secret ».
Tout est en place pour nous inciter à tourner la page.
Au détour d’un monolithe, dans le fond d’une caverne, au fond de la mer, se cachent (et nous en rions à gorge déployée) un poulpe, un crabe ou Pamélasse.
Culottin a beau bondir d’un rocher à l’autre, criant au vent : Pamélasse, pour qu’elle revienne.
Pamélasse et la clé sont bien plus intrigantes qu’il n’y parait (voir pages 75 à 300).
Le lecteur se laisse engluer par la beauté du Pays Enchanté jusqu’à en oublier ses clés.
Et ce n’est que face à la porte d’entrée de son domicile que, sous une pluie torrentielle, retournant ses poches, fouillant encore et encore son sac à main, il devra se rendre à l’évidence, il ne les a pas, ces maudites clés !
Et de retourner au Pays Enchanté…
L’arrosoir a fait son œuvre, nous retrouvons (de la page 500 à 501) un Pays Enchanté dévasté, envahi par les mollassons, inondé des larmes de Culottin (qui s’est vu par trois fois refuser l’accès à la discothèque de Pamélasse).
Un pays boueux, croûteux, où le sol se dérobe sous les pas de Culottin.
Le vent tel un Ouragan qui passait sur lui a tout emporté.
Quelques frêles cactus ont cependant résisté.
Et là, au fond du ressac, Pamélasse tendant la clé à Culottin dans un ultime effort avant de s’évaporer dans l’aube.
Je reste désespérément accrochée à notre ami, mollasson certes, mais tellement attachant qu’est, dans le « Gros secret », cet impétueux et talentueux Bouquetin que certains nomment Bouqui en référence à la littérature moderne.
Et pourtant, nous le perdons dans les méandres d’un esprit retors et de ce Pays Enchanté qui n’a d’enchanté aucune mélodie.
Et l’on aurait ourdi que je l’ajoute à mon prochain exposé ?
Quelle ineptie !
Minily & souris
Courtex (inédit)
La littérature commerciale était son talent d’Achille.
Interview par Louise Berg (suite)
Quels sont vos auteurs préférés ?
Berguichon est incontournable. Roubieux, Chavougnat, Boulingot1.
J’adore tout ce qui est déjanté.
Courtex apocryphe (attribué à Sibonie Pratt)
Comment ça, mes fruits sont gâtés ? Qu’à cela ne tienne mon petit père, faites-en de la confiture puis sortez votre montre à gousset. Le temps est une tartine, qui dégouline, plic ploc, tic tac, et la question n’est plus de savoir, où êtes-vous, mais bien plutôt quand êtes-vous…
Ce que nous savons
Benoît Patris, quatrième analyste a avoir réussi à faire un résumé du « Gros secret », parle comme dans le Cercle des poètes disparus, et nous fait comprendre, à demi-mots, que le Pays Enchanté est une île.
On dirait que Minily & souris, elle aussi, nous emmène en voyage au Pays Enchanté. Pays bourbeux, boueux, où les personnages (très gros) s’enfoncent sous leur propre poids.
Jérôme Pitriol, fin limier, nous parle des rapports hiérarchiques entre la reine et Culottin qui précédèrent la révolution.
Lou Salomé, pour sa part, nous parle de la lutte des classes et des causes qui ont été défendues lors de la révolution.
Jérôme Pitriol zoome sur une des meilleures scènes du livre.
Philippe Sarr envisage une anar-rativité.
Quand les hommes analysent avec leur sobre savoir, ils obtiennent tous et toujours une grande altérité dans les critiques qu’ils fournissent.
D’où vient cette diversité ?
Elle n’est pas le fait d’une période spécifique dans l’élaboration de l’analyse ; elle naît d’un supplément de diversité dans les alternances admissibles à chaque étape du travail.
Les variations se marquent dès l’acte de lecture. Il n’y a pas une lecture d’un livre ; c’est sa propre lecture que l’analyseur va inscrire dans le texte qu’il nous propose à lire.
N’oubliez pas de prendre connaissance des analyses provisoirement inclues dans la zone des commentaires.
1Voir Georges et Louis de Daniel Goossens