Message in a bottle
— Nom d’une pipe ! jura René Magritte en se la cassant.
Ma précédente Folie a fait couler beaucoup d’ancres [sic].
Beaucoup de lecteurs l’ont trouvée géniale 1, d’autres (moins nombreux, c’est vrai) l’ont trouvée un peu prétentieuse.
C’est probablement dû à une confusion entre « posséder » et « subir ».
C’est ce que je voulais dire à propos d’intelligence.
Car je viens encore d’avoir une crise et, bon sang ! Ça fait un mal de chien.
Je dois absolument me faire suivre… ou, au minimum, consulter quelqu’un.
Et si c’était la faute à Bukowski ?
Regardons ensemble cette citation : « La tristesse est causée par l’intelligence. Plus tu comprends certaines choses, plus tu souhaiterais ne pas les avoir comprises. »
Une preuve au hasard ? Cet article, initialement intitulé La Mare in una bottiglia.
Comment pourrait-on mettre l’océan dans une bouteille ?
À l’instar d’une maquette de bateau, ce serait un secret de vieux marin.
En tout cas, ce serait un savoir-faire dans lequel la lyophilisation prendrait tout son sens.
Y arriverons-nous ?
Abracadabra.
Si on veut connaitre l’avenir et pouvoir y jouer un rôle, il faut d’abord s’adapter au rythme du destin.
Son métronome peut passer d’une lenteur qui rend fou à des accélérations inhumaines.
Pour démêler tout ça, nous n’aurons que cette vie et rien d’autre.
C’est peut-être uniquement pour ça qu’elle est précieuse.
Et, gâteau sous la cerise, sa durée est tributaire du bonheur que nous aurons à la vivre.
Par conséquent, une fois évacué le suicide et au-delà de toute morale, tout ce qui peut favoriser notre légitimité (je veux dire notre légitimité à nos propres yeux) est acceptable, vous ne croyez pas ?
En ce compris la croyance en des anges gardiens ?
Bof, pourquoi pas ? (Mais je ne vous y oblige pas, rassurez-vous.)
Moi, dans mes textes, je fais bien dans le vioque qui aurait eu une illumination. Ça fait des carrières courtes.
Alors, en fin de compte, tant que les croyances ne débordent pas du cadre personnel et ne deviennent pas tyranniques, elles ne me dérangent pas.
Mais ne nous égarons pas, une fois de plus, dans l’invisible.
Soyons concrets, matérialistes et précis.
Ça va vous étonner, mais parfois, notre sentiment d’être rares n’est pas assez fort et peut même nous induire en erreur.
Ainsi, nous avons cru que nous (re)trouverions assez facilement un partenaire qui nous conviendrait ?
Oui, mais voilà : pas de chance, nous étions réellement exceptionnels !
Du coup, ça limite les candidatures.
Compagne ou compagnon ?
Notre genre n’est certainement pas la quintessence de notre nature humaine, nous ne l’avons pas choisi (à moins que…).
N’étant pas placés au dernier rang des espèces animales, nous l’endurons.
Mais notre personnalité est bien plus complexe.
Je suis tenté de croire qu’elle ne peut pas se résumer au hasard de notre sexe.
Alors même qu’aucun autre être humain ne pourra réellement nous aider, les probabilités de (re)trouver quelqu’un présentent autant de chances que d’acheter un billet gagnant à la loterie nationale.
Alors, appelons vite l’astrologie à notre secours.
Pour imiter François Bayrou dans son mode récent de présentation à la télévision (cfr je suis Gémeaux ascendant Balance) : je dirais que, moi, par exemple, je suis Caméléon 2.
Si vous ne le connaissez pas, c’est un chouette signe.
Il ne s’entend pas avec un autre signe en particulier.
Pratique. Pas de préférence, donc.
Mais, à titre informatif (et pour continuer à parler des astres), la Terre a déjà tourné pas mal de fois autour du soleil depuis que je suis né.
Et, à chaque tour, accumulé la méfiance.
« — La vie commence à cinquante ans ! »
Cette phrase de Victor Komarovsky, qui fait tant rire la jeune Lara dans le film Le Docteur Jivago, devrait transformer chaque jour qui passe en apaisement.
Eh bien non.
Cela ne nous convient pas vraiment.
Le bonheur est comme une crème glacée, c’est pour manger tout de suite, pas pour l’avaler de travers.
En plus, si nous ne le concevons qu’à deux, comment trouver quelqu’un ?
Il y a dans l’amour une part associative.
Bref, si le walk on the wild side de Lou Reed ne nous intéresse pas spécialement, alors nous aimerions rencontrer une personne du sexe opposé qui nous correspondrait intellectuellement.
Je dis intellectuellement parce que les performances de Roméo et Juliette iront fatalement en s’amenuisant (je déconseille à tout le monde de tout miser sur leur pérennité).
Mais attention, pas rencontrer quelqu’un accompagné d’un mode d’emploi incompréhensible rédigé en chinois, ou quelqu’un avec qui il faudrait sans cesse communiquer par notes de bas de page interposées.
Ne nous leurrons pas, une telle adéquation ne sera probablement pas facile et risque de prendre du temps. Peut-être trop.
Chacun d’entre nous a une culture forcément limitée et manque de repères pour en faire l’estimation.
La file au bureau de vote est (comme toutes les foules) une sévère relativisation de notre importance.
Comme le sous-entendait déjà Jean-Paul Sartre : l’enfer c’est les autres ; et essentiellement leur nombre élevé.
Et moi et moi (comme chantait Dutronc), pour faire davantage avancer le schmilblick 3, et victime probable du syndrome de Leach 4, je me suis construit, écaille après écaille, une carapace comme les tortues.
Comment ? Mais en publiant mes textes dans une bibliographie composite et en additionnant mes dessins sur des murs sanctifiés.
C’est une carapace qui me protège du temps qui passe et de l’ennui.
C’est une tortue magique qui n’a nul besoin d’air ou de nourriture (enfin, quand même d’un petit verre de vin de temps en temps).
— J’ai bien peur que tout cela ne nous ramène inéluctablement à Johnny dans le coffre 5.
Mais bon, la vie est une succession de surprises dont il ne faut jamais s’étonner.
Nous ne nous quitterons pas avec le groupe Police (comme le titre aurait pu le laisser croire), mais, encore une fois, dans des éclats de rire, avec l’humoriste tout terrain Serge Reggiani.
D’abord parce que de cette façon je ne devrai pas traduire de l’anglais, et puis parce que cette figure marquante persiste à me raccommoder avec la chanson française :
Je bois, aux femmes que je n’aurai jamais,
Aux enfants que je n’ai jamais eus,
Et à toi qui m’a bien voulu.
Voilà.
Si ça ce n’est pas rigolo, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Prochainement sur cet écran : L’Aporie d’Ulysse.
Une fine analyse de son divorce d’avec Pénélope et une adaptation finalement assez audacieuse de l’Odyssée.
Logiquement, nous serons en 2025.
Merci pour vos partages, pour vos messages personnels sur Messenger et pour vos commentaires, au travers desquels je tente toujours d’établir une communication authentique.
Merci aussi à tous ceux qui s’abonnent à ma chronique, c’est gratuit et ça fait plaisir à mes éditeurs.
Georgie de Saint-Maur
1 Pour définir le sens du terme « génial », je renvoie le lecteur à mon article du 11 mai 2016 Le Recours au génie.
2 Caméléon ascendant Jazz, pour être précis (je savais que vous alliez me le demander).
3 L’expression « faire avancer le schmilblick » vient du motif qu’invoquaient les participants au jeu Le Schmilblick qui n’avaient pas la réponse, mais qui voulaient participer à l’identification de l’objet mystère.
4 Nous aborderons, en détails, le syndrome da Leach dans un prochain article.
5 Réplique du colonel Mac Lean (Tommy Duggan) dans le film de Georges Lautner : Ne nous fâchons pas ! réalisé en 1966.
Que dire si ce n’est que j’ai adoré !
Fin… Délicat… Espiègle…
Bravo.
Et, merci !
Merci d’avoir lu, Bruno.
Bien content que ça vous ait plu.
Et merci pour ce commentaire qui affaiblit le découragement et incite à continuer l’écriture.
Merci pour l’humour un peu déjanté, pimenté d’un brin d’amertume, de dérision !
Merci d’avoir pris le temps de lire, Mare-Lise.
Content que mes textes vous plaisent.
J’ai remarqué que vous partagiez souvent mes archives publiées sur « La Vitrine de Circé », merci.
SUPER
Merci d’avoir lu, Patrick.
Et merci pour ce commentaire.
Belle inspiration 🙂 … et meilleurs souhaits afin qu’elle se prolonge en 2025 !!
Merci beaucoup, Jac.
Et merci d’avoir lu.
Texte très inspirant sur ce fichu temps qui passe et très belle référence à cet humoriste poilant, Serge Reggiani.
Heureuse d’en apprendre un peu plus sur vous, artiste fou, signe caméléon. Mais il subsiste une interrogation qui renvoie à la quadrature du cercle, quel est ce mystérieux signe avec lequel vous n’avez pas d’affinité? Vive 2025 afin de découvrir la suite, je me régale déjà.