Fils de pub
— « L’auréole ? Parce que je le veux bien. »
Un (gentil) reproche de ma muse m’a fait rire aux éclats : avec ton talent[1], m’a-t-elle dit, pourquoi n’écris-tu pas un bouquin comme Rowling ? Ça serait un best-seller et tu vivrais bien peinard en France…
Vous savez Joanne Rowling, la femme qui a écrit les aventures d’Henri Potier à Boudelard, une école où les sourciers volent des aspirateurs…
Notez que c’est loin d’être idiot. D’ailleurs ma muse ne me souffle jamais rien d’idiot. Les jeunes aiment vraiment bien les histoires avec des enchanteurs, des fées, des dragons, tout ça…
Le problème c’st que je ne suis pas très intéressé (vu que moi, j’adore pas). J’ai essayé pourtant, j’avais pensé à une licorne… elle émet une lumière magique et les fuseaux horaires se mettent à virevolter comme des martinets qui veulent construire un nid dans les anfractuosités des murs… Pas mal hein ? Mais je me suis arrêté à la deuxième ligne.
Bon sang de bois ! Ce n’est pourtant pas faute de vouloir écrire un best-seller, croyez-moi.
C’est tout simplement que je ne suis pas doué. Je l’explique très bien, d’ailleurs, à la page 5 de la revue L’Ampoule n°14, dans mon texte Sans légende[2]. Moi, je viens d’un monde où Boris Vian faisait rêver son époque. On discutait ‘Pataphysique, comme dans Le Sextant du risque[3] à la page 33 de L’Ampoule n°16, et machines célibataires. J’ai grandi à l’ombre des Dada et des surréalistes, comme les jeunes filles en fleurs à l’ombre de saucisses Zwan.
Par contre, comme vous le constaterez je ne suis pas en reste pour la publicité.
Un autre sacré fils de pub, c’est Mister Moulinsart. Déjà gamin j’encaissais mal T*** [4] (je préférais Tournesol), mais là, avec les méthodes sympathiques de Rodwell, je finirai par le détester. Toujours à l’affût, toujours prêt à sauter à la gorge des petites gens qui aiment bien T***, il fait du bon boulot. Il l’a carrément enterré vivant. Maintenant, paraphrasant la réplique de la pièce Schlageter de Hanns Johst[5], quand je vois la houppe de ce Riquet contempo-rain, je sors mon portefeuille.
Là, je rentre en France. Il n’y aura donc pas de Folie des glandeurs durant les mois de juillet & août. Deux mois sans moi. Je vais vous manquer. Mais si par hasard vous errez sur les pages Internet, tristes comme des âmes en peine, eh bien prenez la peine, justement, de lire mon texte Mise en abyme[6] typographié à la page 63 de la revue l’Ampoule n° 15.
C’est toujours avec un serrement (serment) de cœur que je quitte les fines particules de Liège. J’essaie de me consoler en emportant avec moi un recueil des vieux dictons liégeois[7]. J’ouvre une page au hasard et je lis cet adage : « Tu mendieras tant ».
Je ne peux pas voir passer le mois de juin sans penser au Temps des cerises de Jean-Baptiste Clément. Métaphore poétique évoquant une révolution qui a échoué. C’était au son de ses merles moqueurs que mourait la Commune. Les cerises de la barricade de la rue Saint-Maur[8] étant les impacts des balles des hommes du foutriquet.
Alors vous ne m’en voudrez pas d’entonner le couplet final avant de partir au pays de Voltaire…
J´aimerai toujours le temps des cerises
C´est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m´étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J´aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur
Encore une fois je n’ai pas été très disert, mais pour me faire pardonner voici une page complète de la BD Opération Puzzlecucu (la suite en fait). J’en profite pour remercier les nombreux lecteurs qui nous ont écrit pour nous menacer de rompre leur abonnement si nous persistions à la publier.
That’s all folks. Rendez-vous en septembre.
Georgie de Saint-Maur
[1] Ces propos n’engagent que ma muse.
[2] http://www.editionsdelabatjour.com/2014/12/l-ampoule-n-14.html
[3] http://www.editionsdelabatjour.com/2015/06/l-ampoule-n-16.html
[4] Toujours dangereux de citer son nom.
[5] « Wenn ich Kultur höre … entsichere ich meinen Browning !. »
[6] http://www.editionsdelabatjour.com/2015/03/l-ampoule-n-15.html
[7] Le mendigot qui avait un mégot pour magot.
[8] « Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses services : ils voulaient l’éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré eux. Quelques instants après, la barricade jetant en une formidable explosion tout ce qui lui restait de mitraille mourut dans cette décharge énorme, que nous entendîmes de Satory, ceux qui étaient prisonniers ; à l’ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure, J.-B. Clément dédia longtemps après la chanson des cerises. Personne ne la revit.[…] La Commune était morte, ensevelissant avec elle des milliers de héros inconnus. » La Commune, Edition sociologique – n° 22 – Stock, 1898.
et puis quelle jolie fin !! bravo et à bientôt pour de nouvelles aventures j’espère !!! Marie
toujours d’excellent jeux de mots. Merci pour cet entermeides de jolies histoires
J’aime bien : “J’ai grandi à l’ombre des Dada et des surréalistes,” Bon break Georgie et bon voyage !
On fait donc tintin pour le best selleur, pas de licorne et pas de dada sans corne ? les cerises de J B Clément vous feront de belles boucles d’oreilles pour vous consoler, à +
Bonnes vacances!!!
Que de nostalgie dans ce billet…
Vous partez en France. En vacances en plus. Diantre ! On a l’impression que vous allez au casse-pipe. Du courage, Georgie, pour franchir la frontière rubiconne ! Dites-vous que la TVA est moins chère en France 🙂
Pour ma part, je continue à suivre et à déplorer les frasques de votre infâme rejeton, Victor Morand.
Une chouette note bien “glandée” . Bonnes vacances.
Détestez-vous de Saint-Maur? Queneau, Queneau répondis-je… J’espère que vous en Blavier surenchère-y-je!