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Mona Lisa, mon amour : entretien avec Damien Lejeune

Entretien avec Damien Lejeune pour son premier recueil de nouvelles « Mona Lisa, mon amour »

BOZON2X : Tu as, au départ, une formation d’illustrateur, peux-tu nous dire ce qui t’a mené à la littérature et dans quelle mesure l’univers visuel dans lequel tu as baigné à influencer ton rapport à l’écriture ? 

Damien Lejeune : Au cours de mon apprentissage, je me suis aperçu petit à petit que plutôt que de mettre mes dessins au service des mots, j’utilisais les mots pour illustrer mes dessins. Je suis très friand d’images, affiches, dessins de presse, ces illustrations qui nous racontent une histoire. Ce sont d’ailleurs d’excellents points de départ pour une nouvelle. À de nombreuses reprises, on m’a dit que mes textes étaient très imagés, malgré le peu de descriptions. Mon rapport à l’image m’oblige à laisser  une place au lecteur, je ne peux pas lui interdire sa propre vision de mon imaginaire. Mais cette expérience a fait évoluer mon écriture, si elle n’en est le point de départ. J’ai découvert l’écriture bien avant mes études. C’est la perte d’un être cher qui m’y a amené. Avant cela, je me cantonnais à la chanson française à texte. Les mots ont toujours fait vibrer des émotions en moi. À douze ans, j’écoutais Gainsbourg pendant que mes amis écoutaient… beh, je ne sais plus en fait ce qu’ils écoutaient.

Parmi les différentes manières d’aborder la narration, la nouvelle se caractérise par la concision. Est-ce pour toi une contrainte ou, au contraire, un terrain propice où exercer ta liberté ? 

Je trouve que la nouvelle permet une certaine liberté. C’est un zoom instantané dans la vie d’un personnage. Puis d’un coup, à un moment, fondu au noir. Histoire « finie » ou pas. Des instants de vie, comme on en rencontre au quotidien. Une discussion dans un café, un appel téléphonique dans un train, etc. La nouvelle permet aussi, il me semble, l’expérimentation. Par exemple,  certaines de mes nouvelles ne sont que dialogues. Nouvelle ou théâtre ? Dans une forme plus longue, je serais susceptible de perdre le lecteur voir de me perdre moi-même. Et puis, ne dit-on pas que les plus courtes sont les meilleures ? 

Même si l’humour est quasi omniprésent dans tes nouvelles, on y décèle une sensibilité au tragique de l’existence, ceci expliquerait-il cela ? 

J’essaie de porter un regard bienveillant sur les gens face au tragique de leur existence. Je suis assez sensible à la souffrance des personnes face aux aléas de la vie. Chaque sensibilité, qu’elle soit fragile ou au contraire de marbre, se heurte à la réalité. L’humour est ma sensibilité face à cette existence qui parfois peut sembler dénuer de sens et de justice. L’humour permet d’aborder des sujets lourds avec recul, une certaine légèreté. C’est d’ailleurs une pratique dans mon quotidien. Je ne vois pas l’humour comme une façade, je l’envisage plutôt comme un soutien. Mais, ce qui n’empêche qu’il m’arrive d’être très sérieux voir même avoir les paroles d’un grand sage, mais ça ne tient pas, je clôture souvent par un trait d’humour. 

Es-tu, par ailleurs, un lecteur de romans ? Si oui, classiques ? Contemporains ?

Oui, bien plus que de nouvelles. Malheureusement dans nos pays, la nouvelle n’est pas médiatisée comme le roman. Si l’on veut lire ce genre de narration, il faut faire ses propres recherches. Sinon, je lis un peu de tout. De manières générales, des contemporains tels que Pennac, Puertolas, Jonasson, Pollock, Spitz. Et de temps en temps, un petit retour aux classiques avec Orwell, Zweig, Kundera, Steinbeck.

As-tu déjà d’autres projets en cours ? Ambitionnes-tu d’explorer d’autres genres ou univers littéraires ?  

Oh que oui, un peu trop d’ailleurs. Je suis sur deux projets que je vais devoir prioriser. D’une part, je suis en train de réfléchir à l’écriture d’un livre de jeunesse en collaboration avec une amie illustratrice. Et d’autre part, je suis en train de dégripper les rouages d’un roman qui se refusait à moi. Il faut dire qu’une incursion dans le monde des sectes ne se prend pas à la légère car « tout bien que tu détiens est un souci qui te retient et Skippy est là pour t’ôter tous tes soucis. Je vous rends l’antenne et vous souhaite à tous de retrouver une totale liberté d’esprit cosmique vers un nouvel âge réminiscent… »


Mona Lisa, mon amour
Damien Lejeune
153 pages
ISBN : 978-2-931067-23-9
15 euros
À paraître le 10/09/2024

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