Interstellar ou 10 secondes dans une nocturne de Chopin ou rien
N’entre pas docilement dans cette nuit bienveillante…
En entrant ici tous les désespoirs sont les bienvenus malgré la forêt obscure et la voie, encore et toujours, perdue. Heureux qui comme Ulysse n’en revient pas. L’homme aux mille ruses n’emprunte qu’une seule voie : la mère. Cette voix de l’inceste qui en même temps : propose et dispose de ta vie. Que ça commence par 1 ou 0 change tout. Accordez-moi ceci : 1 + 1, c’est de l’inceste, hein ? Le calcul est vite une fête : pour passer de deux à un, il faut passer par le même trou.
Voilà, on y vient, au cœur des ténèbres, au beau milieu de la nuit, en cet endroit fitzgeraldien où il est éternellement 3h du matin. Dans la fêlure, pas à côté ni au bord, dedans. Le livre du dedans de la fêlure reste à écrire, Scott. Don’t blame me, please.
Continuons.
Cet endroit où vous ne savez plus si ce qui vous arrive précède ou succède à ce qui vous arrive, hein ? Il n’y a pas de salle d’attente. Pas de corridor ni de couloir de la mort. Pas de loups cachés derrière les armoires. Je marche sur la tête, c’est le chemin qui s’est égaré sous mes pieds, c’est la corde du funambule qui manque de tomber en lui ; la vie est sans filet et le pourquoi sent la rose…
A la manière de Shakespeare, secouant le pire. Hamlet s’adresse à l’autre beau-père, Polonius : “ Vous auriez le même âge que moi si, comme une écrevisse, vous pouviez marcher à reculons.” Je ne serais pas Hamlet et Ophélie prendrait juste un bain dans une Marne un peu moins morne qu’il n’y paraît et plus verte que jamais.
Ah… si, peut-être qu’il y a un endroit pour ça, comme ça. C’est 10 secondes dans une nocturne de Chopin. La nocturne en si bémol mineur, matez-moi ça :
N’entre pas docilement dans cette douce nuit…
Il y a aussi un autre endroit, c’est un film et ce film s’appelle Interstellar, de Christopher Nolan.
Je cherche la troisième rive du fleuve. Je cherche un mi-chemin à la Guimares Rosa, un endroit mineur, aussi mineur que la nocturne de Chopin. Je cherche l’envers nolanien de la bibliothèque. Un pont. Une passerelle. Une écluse. Non, rien. Si vous ne souhaitez plus recevoir ce genre de message, soulagez-vous de vous-même en cliquant ici.
Coupons les pont, hein.
Hamlet se trompe, il n’y a aucun endroit où l’on soit à l’abri de la lumière, aucun. Aucun endroit assez pourri pour être une prison. C’est Hamlet qui pourrit le Danemark. Hamlet n’est rien d’autre qu’un rabat-joie qui a peur des fantômes et qui n’apprécie pas son beau-père qui, accessoirement, est aussi son oncle.
Hey ! Hamlet ! Même au fin fond de l’océan le plus obscur, il y a toujours une limace visqueuse pour produire quelques photons. Alors ferme-la !
Nunzio d’Annibale
Heureux de retrouver votre trace, ici après feu l’antique et mémorable expérience du web littéraire In-Situ. Ce n’est pas fortuitement que je suis ici. Voyez plutôt le commentaire de Boris Pollet concernant un de vos texte sur le film « Méditerranée » de Jean-Daniel Pollet et publié, en son temps sur notre site. .
Voir commentaire http://www.pileface.com/sollers//spip.php?article1119#forum5625