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Je suis Michel

Tu es Michel toi ?

Mais oui, nous sommes tous Michel sans le savoir ; ou nous finirons par l’être. Nous sommes tous nietzschéens de gauche. Nous nous devons de l’être car la langue de bois ne peut plus durer et en plus Sade et Freud sont des méchants hommes misogynes, pervers et narcissiques. Contrairement à Michel qui est tout amour, altruisme et nietzscheïsme.

Le meilleur des mondes est possible et ce n’est pas pour demain mais pour tout de suite.

Vous ne me croyez pas ? Demandez à Michel…

Il y a une solution et le bonheur est proche. La soumission sera délicieuse… vous en demanderez encore et encore. Jamais vous ne vous serez sentis si heureux et dépossédés. Vous reprendrez bien un peu de servitude ? Amen ! Allah Ouakbar ! Mazel Tov ! Tout le monde est dans son bon droit dans un État de bon droit comme la Frrraaance ! Mais nous dépasserons toutes ces croyances archaïques insensées pour rejoindre Michel dans le paradis de la laïcité illuminée.

La France est une fiction ? Une auto-fiction ? Michel ne dit pas le contraire. Michel dit tout haut ce que tout le monde pense dans son bon droit mais tout bas, tout en bas, dans la vraie France qui souffre vraiment. Celle d’en bas… celle de la “misère sale”, concept onfrayien très important pour Michel. Car vous savez, Michel ne dit pas le contraire, les pauvres souffrent de pauvreté et les riches jouissent de richesse.

Une France sans histoires est possible : Michel le dit sans malice aucune, il suffirait pour cela d’instaurer une politique nietzschéenne extrémiste modérée dans laquelle un désir autre n’entre jamais en compte. La solution était là sous nos yeux et nous refusions seulement de la voir. Ô merveilles ! Le bonheur est aux portes. Il suffit de soustraire la complexité à l’endroit comme à l’envers de tout ce qui devrait être drôlement plus simple ou devrait ne plus exister. Il suffirait de voter Besancenot afin de le convertir au “capitalisme libertaire”, concept majeur de Michel Onfray. Comment est-il encore possible qu’au XXIème siècle les oeufs soient toujours brouillés ?

 Nous serions tous tellement épanouis si personne ne contredisait Michel.

L’équation était : « oui : non = peut-être ». Avec Michel, tout est beaucoup plus simple. Cela devient : oui : rien = oui . Le bonheur est de plus en plus proche, réjouissons-nous, camarades, il suffit de nous croire du bon côté et hop nous le sommes. Quand on lit Michel, on se demande vraiment comment personne n’y avait pensé avant Michel.

Michel est du genre à se poser des questions simples : pourquoi tout le monde y l’est pas heureux ? Probablement car quelque chose les rend malheureux ? Simple, mais brillant. Ce quelque chose, c’est quoi ? C’est le malheur. Conclusion de génie : il suffit donc d’enlever le malheur. C’est édifiant !

Michel pense que l’on peut enlever le ver de la pomme sans ouvrir la pomme. Quel génie !

Houellebecq, dans Soumission, il fait son Michel ou quoi ? Oui, si on ne lit pas entre les lignes. Il imagine une France diminuée de la polyphonie des désirs contradictoires et hop : tout va bien en France. Comme si Michel n’y avait pas pensé avant !!! Mais attention, Michel n’est pas dupe du romancier, ni de personne, hein. La démagogie apparente de Houellebecq n’est que feinte afin de nuire à Michel. Nous avons la chance d’être vivants en 2015 et de côtoyer Michel. Michel pense que ce n’est qu’une question de volonté, de neurobiologie et de culpabilité judéo-chrétienne tout ça. Et Michel vous déconseille vivement la lecture de Soumission, car la religion c’est mal et que tout féminisme condescendant en est absent. La seule femme représentante d’un désir propre, comme par hasard, s’exile du roman. Elle s’appelle Myriam, elle est juive.

Mais les médias sont tellement méchants avec Michel, sans parler des psys diaboliques, des antisémites de tous bords et des gentils djihadistes modérément terroristes. Sans cet acharnement extrêmement modéré contre Michel, la vérité de Michel éclaterait au grand jour et tout le monde serait Michel et donc, heureux.

Michel ne vous conseille pas non plus ce roman hybride de Raphaël Denys : 120 000 hurlements en faveur de Sade. En effet, Raphaël Denys complique tout. Ce livre accueille la complexité du monde avec un plaisir et une dextérité très louche pour Michel. On dirait bien que Raphaël Denys ne cherche pas à penser comme Michel, au contraire. Raphaël Denys, ce méchant homme, a probablement écrit là la seule fiction qui parle d’un phénomène très précis : le merveilleux déni de l’agressivité qui s’empare de la planète, tant au niveau individuel que social. Mais au lieu de s’en réjouir, Raphaël Denys s’en inquiète et s’en moque. Il démontre que ce déni mène à toujours pointer l’agressivité de chacun comme venant de l’autre –la belle affaire !– mais aussi qu’il mène vers une barbarie décomplexée, sûre de son bon droit car sans agressivité aucune. Au XXIème siècle, tout le monde devrait échapper à l’agressivité, les hommes et les animaux, et bientôt les objets et même les concepts, même les mots, même l’agressivité. Ne lisez surtout pas ce livre : 120 000 hurlements en faveur de Sade, aux éditions Bozon2x.

Bref, selon Michel, ça sent le Paradis tout ça. Le nirvana athée de gauche n’est plus qu’une question de minutes. Pour finir, je citerai Michel : “Pour être heureux, ne soyez pas malheureux.” Sublime !

Nunzio d’Annibale

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