Elfes et fées domestiques de Minily & Souris

Elfes et fées domestiques : deuxième épisode

Deuxièmes analyses

 

Fée de Rainette et Fée d’Api

—  Je ne suis absolument pas d’accord, dit Fée de Rainette.
—  Il s’agit d’une imposture, surenchérit Fée d’Api.
—  Calmez-vous Mesdames ! Je vous en prie calmez-vous !
Cactus, le vieux hérisson, ne s’en laissait pas conter. Il était très réactif aux propos tenus par les fées. Il connaissait la chanson.

Il les regarda droit dans les yeux et leur lança l’estocade :

« Cache ton poing derrière ton rachis
Ou j’te donne un coup de batte.
Pour faire le
Tapis, tapis rouge. »

Les fées, ébahies, tombèrent au tapis, comme Bernard.

Minily & Souris

Les fées ne poussent pas sur les toits.

Nous chassons les fées comme d’autres chassent les épouvantails. Nos chiens aboient et nous les suivons en caravane jusqu’au prochain camping. Il commence à faire faim. Que mangerons-nous ce soir ?
La pleine lune luit, carafon d’ivresse.
On s’approche, on tourne autour, on mijote.
Ce n’est finalement que le noir chaudron des sorcières.
Oh oh, les fées sont-elles vraiment de fines cuisinières ?
Il parait que non.
Elles n’ont légué de recettes à personne (et trouvent ça très drôle).
Mais nous, braves et téméraires lecteurs des « Cahiers de l’Hydre deLerne », nous savons, nous subodorons, que le potage aux coquilles, si cher à Cazenave-Sarkis, va être servi par des matrones en mal de cervelle. Qui, en effet, pourrait manger des pommes tapies ?

Georgie de Saint-Maur

  

Courtex

MrRemise repeignait d’un vert « gerbe » sa magnifique barrière.
Tante Ozon l’observait depuis sa fenêtre. Après une quinzaine de minutes, n’y tenant plus, elle courut vers la porte d’entrée, traversa la rue en murmurant un tonitruant :

— Bonjour MrRemise.

Elle s’appuya sur la barrière. La tenant fermement entre ses deux mains et exerçant des mouvements de rotation. Elle avait également déposé son pied sur le dessous de la barrière.

— Vous repeignez votre barrière MrRemise ? dit-elle d’un ton doucereux.
— Aargh, répondit-il en s’étranglant à demi.
— Savez-vous que votre barrière est la première chose que je vois lorsque j’ouvre mes volets ? Savez-vous également que je n’aime absolument pas le vert. Aussi, eu égard à tout ceci, pourriez-vous la repeindre en blanc ?
— Aargh ma peinture… dit sottement MrRemise.

Au même moment, Ozon enleva ses mains de la barrière et les découvrit recouvertes de peinture, de même que la semelle de sa chaussure.

— Oh mon Dieu, dit Ozon.
— Vous avez abîmé ma barrière…répondit fermement MrRemise.
— Qu’à cela ne tienne, maintenant, vous pourrez la repeindre en blanc !

(Alfred Arnaque « Les cahiers de Nise»)

 

Fées et gestes (Georgie de Saint-Maur)

Rose myrtille et Pimprenelle, les fées-marraines de la belle au bois dormant étaient trois vieilles demoiselles anglaises et, à ce qu’on dit, toujours pucelles.

 

Bien fée !

Minily & Souris a eu raison. J’en aurais fait de même à sa place, aurais sorti mon balai à essuie glaces derechef si l’on m’avait taxé(e) de vieille bique.
Et l’effet aurait été immédiat. Les faits sont têtus. Et il faut s’armer de patience dans l’attente hérissanted’une quelconque reconnaissance.
Aussi, au risque peut-être de vous surprendre, j’éprouve une profonde et réelle sympathie pour notre auteure fétiche, ayant encore en tête les merveilleuses analyses qu’elle fit de mon décapant roman « Les Blancs » qu’elle sut dépeindre avec talent.
Par ailleurs, comme elle, j’eus à souffrir, en un temps pas si éloigné, de ces chasses aux sorcières dont font hélas objet les grands esprits dont on dit, avec raison, qu’ils sont fées pour se rencontrer !
Comme disait l’auteure qui maniait les mots comme on suce des arêtes de poissons, « j’essuie donc je seiche » ! Et elle avait raison…

Philippe Sarr

  

Fées et gestes (Georgie de Saint-Maur) 

Carabosse s’en foutait de ne pas avoir été invitée, elle détestait les mouflets.

 

Où on nous refait la pomologie à coups de marteau.

Lorsque l’on décortique un conte merveilleux, l’on entrevoit parfois la façon dont l’auteur s’y prend pour enchanter ses pages.

Rien de tel d’ailleurs, entre parenthèses, pour chasser la magie au loin, que d’examiner lorgnon sur le bout du nez un livre sous toutes les coutures, de la composition à la reliure, et d’aller traquer un grain de poussière d’étoile à la pince à épiler dans le moindre pli du papier ou du cortex de l’auteur.

Dans le conte qui nous occupe, le procédé le plus systématiquement utilisé est sans doute le recours à des personnages dont la présence nie le réel.

Des personnages impossibles.

L’un d’eux l’avoue d’ailleurs dans « Fée de rainette et fée d’api » : « Il s’agit d’une imposture ». Nous avons ainsi, rien que pour le passage en question :- deux fées, d’abord – rappelons à ce égard qu’il est unanimement admis aujourd’hui, malgré le manque de preuves scientifiques, que les fées n’existent pas (en tout cas pas avec deux ailes clouées dans le dos et qui fendillent l’air à plus de 200 battements par minute) ;- nous avons ensuite un hérisson, créature en apparence plus commune, mais subvertie ici par la dotation d’une qualité purement humaine, la parole (entendez « qualité » au sens de « capacité ») ;- et nous avons enfin, introduite en contrebande à la périphérie de la comptine, une petite grenouille qui nous est brocantée ni vu ni connu avec les pommes (et quand on sait le prix du kilo de pommes aujourd’hui, franchement, on n’est pas loin de crier au scandale).

Voilà, en quelques mots, comment on nous refait ici la pomologie à coups de marteau, comment le livre s’octroie le très troublant pouvoir d’exploser puis de rafistoler, en deux ou trois notes bien placées, ce monde que nous croyions connaître.

Jérôme Pitriol

 

Fées et gestes (Georgie de Saint-Maur)

La fée de Peter Pan crochète.

 

Le questionnaire de Louise Berg (suite)

 – Comment définiriez-vous votre rapport à l’écriture ?
Depuis quand écrivez-vous ?

Alors, là, attendez…
Heu 19+02+01 : 67 (je ne suis pas très bonne en chiffres).
Disons… oui…. Au moins ça !
J’aime les mots, leurs sons, leurs associations de consonnes et de voyelles, leur sens, leur rythme.
J’aime aussi beaucoup le jeu « des chiffres (un peu moins) et des lettres (beaucoup) » mais aussi le « scrabble » ou le jeu du « t’es-toi quand tu écris », très à la mode ces derniers temps, vous en conviendrez.
Une petite partie ?

 

— Dites, monsieur l’enchanteur, ne savez-vous pas qu’il est impoli de péter à table ?
— C’est pas moi…
— Alors passe à ton voisin !

 

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