La folie des glandeurs

Point-barre-barre

« — J’aime beaucoup ce que vous écrivez.

— Mais, putain, tu vas fermer ton claque-merde, oui ? répondit Jorch, en envoyant valdinguer le dictaphone du journaliste. » (L’École des jours, 1972).

Point-barre-barre, un titre dont la finale redoublée évoque des défenses de Morse[1]. Ces dents d’ivoire qui nous viennent en droite ligne de l’agriculture. Celles qui servaient à labourer le sol ou à occire les pilleurs barbares.

L’homme est naturellement égoïste. Il n’est pas porté à faire la guerre, car il pourrait être tué. Et cependant la réussite d’une civilisation est tributaire de sa belligérance. Cette dernière musèle l’intérêt individuel au profit du groupe.

Le dieu Shiva est à la fois créateur et destructeur.

Bien sûr, l’histoire est écrite par les vainqueurs et blablabla… tant qu’il est encore temps, prenez sans crainte ma main, fraternelle et tendue, car il me semble que, dans bien des cas, l’apparition de la sédentarité chez les hommes préhistoriques a bon dos.

On vous expliquera peut-être, de manière un peu boiteuse, qu’elle est à l’origine de la spiritualité et des temples, et pourtant… sans doute les chasseurs-cueilleurs n’étaient-ils pas cohésifs dans une croyance dogmatique, mais pourquoi ne pas admettre leur animisme ? Il requiert déjà beaucoup d’attention et de concentration, et ces dernières ont de l’influence sur le lobe pariétal.

Et hop (on le sait), cette influence produit un sentiment de connexion et d’appartenance à quelque chose de plus grand que soi.

Rajoutez-y une iconographie et des transes débouchant sur une euphorie et vous obtiendrez des adeptes que vous pourrez contrôler.

On vous démontrera peut-être, dans un style claudiquant, que la sédentarité a engendré la guerre (souvent provoquée par des envieux victimes de famine). Je ne veux pas contester ces certitudes à tout crin mais, franchement, je crois que, même nomades, les humains se tapaient déjà dessus pour le v(i)ol des femmes, l’occupation d’une grotte ou l’accès à une source. Un bon point pour l’évolution (non, je déconne).

Souvent tributaires de leur lot géographique : sol médiocre, manque d’eau drastique, misère des ubacs, les pillards affamés, qui ont le loisir d’observer les animaux, font  ce constat très simple : les prédateurs ne plantent pas de blé.

Une dystopie court au-devant de nous avec son visage horrible et, partout dans le monde, les réfugiés climatiques ne seront peut-être pas accueillis pour les raisons qu’ils espèrent. C’est là que la barbarie atteindra son point d’orgue, et c’est sur les arpèges des orgues de Staline que dansera une  grosse Bertha futuriste.

Non, pas de lapidation aujourd’hui, mes amis ! Ce n’était qu’un raccourci caricatural, bien entendu. Tellement caricatural qu’on ne reconnaît même pas de qui il s’agit, et tellement raccourci qu’on n’a même plus envie d’y aller.

Rangez tranquillement vos pierres dans leur étui.

À propos de pierres, après l’homonymie du morse : la paronymie des grottes de Barabar[2]. Une bonne nouvelle (encore une) pour les partisans de la science héritée. De quoi garder le sourire aux lèvres et le mouchoir bien plié dans la poche. Non, nous ne sommes pas mauvais !

Enfin pas autant qu’essaie de nous le faire croire un mari afghan qui casse les dents de son épouse le 8 mars 2023.

Les barbares faisaient déjà peur aux Romains. Ces derniers chiaient dans leur froc quand on les envoyait aux frontières de l’Empire. Et pourtant, bon sang de bois, on peut dire ce qu’on veut des Romains mais pas que c’étaient des freluquets, croyez-moi. Ils l’ont prouvé à maintes reprises, allant parfois jusqu’à faire basculer la barbarie dans leurs propres rangs (faisant fi, de la sorte, des valeurs de ce bon vieux Marc Aurèle[3]).

Beaucoup de citoyens romains pouvaient ainsi distendre jusqu’au point de rupture le conseil de Caton et affirmer qu’il fallait détruire, non seulement Carthage, mais aussi tous les barbares. Ça peut paraître excessif dans un premier temps, voire génocidaire, mais ce n’est pas dénué d’un certain bon sens.  Il faut dire, à leur décharge, que le genre humain n’a pas souvent fourni les preuves irréfutables d’un élan fraternel.

En mal d’indulgence, notre civilisation jette un voile pudique sur « l’éventration de la poule» des Tahitiens[4]. Mais, tout comme jadis nos ancêtres mimaient la chasse dans leurs cavernes, nos soldats miment la guerre dans leurs casernes. Il ne leur manque que la haine. Celle-ci apparaîtra, à coup sûr, lorsque le nombre de morts empêchera le pardon.

En arguant du bio mimétisme, nos atrocités nous ravaleraient (soi-disant) au rang de la bête ? Eh bien non, parce que les bêtes ne font pas ça.

C’est notre marque de fabrique à nous, depuis toujours.

Et si, malgré tout, c’était le cas, où est passé l’argent du copyright ?

À répéter sans fin qu’on est muet, on ne convainc pas grand monde. C’est ce qui arrive aux champignons. Ni plantes, ni animaux, ils étaient là bien longtemps avant nous. Leur stupéfiant et gigantesque mycélium souterrain offre bien des points communs avec le cerveau humain. Les activités électriques qu’on y a décelées présentent les récurrences évidentes d’un langage, et quelques individus bavards maîtrisent au moins cinquante mots.

Les champignons peuvent contrôler mentalement certaines fourmis. Ces dernières vivent au sol et n’ont aucun besoin de monter sur des plantes ; elles le font sous l’influence des champignons qui ont pris possession de leur cerveau. Elles le font afin que ceux-ci puissent prospérer en hauteur.

La fourmi-zombie est en suite sacrifiée sans remords.

Les champignons connaissent bien la cruauté et sont donc capables de l’identifier.

C’est très important !

Sans doute nous viendront-ils en aide, en dévorant le pétrole des marées noires par exemple, comme c’est déjà le cas dans bien des essais de laboratoire ; mais surtout (soyons fous) le jour où naîtra en leur sein leur propre Léonard de Vinci, peut-être les verra-t-on alors ronger tous les spécimens qui présentent des vibrations ou des ondes de barbarie ? Pour l’instant c’est l’omerta totale.

C’est intéressant ! Mais tout ce que j’écris est intéressant.

Tiens un gyrophare, c’est joli…

Tiens, on sonne à ma porte…

Avant d’accompagner les deux infirmiers , je terminerai par une petite citation de notre bon Lewis :

— Un côté te fera grandir, l’autre te fera rapetisser.

— Un côté ? Mais un côté de quoi ?

— Du champignon, pauvre idiote !

Merci pour vos like, pour vos gentils commentaires sur Messenger et, bien entendu, pour vos abonnements.

À bientôt.

[1] L’auteur fait, ici, semblant de confondre le mammifère marin de la famille des Odobenidæ avec le scientifique américain Samuel Morse,développeur d’un alphabet télégraphique.

[2] Prouesse technologique peu compatible avec l’époque (controversée) de leur réalisation, les grottes de Barabar sont des cavités artificielles creusées dans du granite, une roche extrêmement dure, puis finies avec un très beau polissage de la surface interne, donnant un effet miroir d’une grande planéité. Elles représentent, en Inde, le cas le plus ancien de grottes creusées dans le roc (on les suppose au moins antérieures à l’époque de l’empereur Ashoka qui régna de 273-232 av. J.-C.).

[3] Marc Aurèle  (121-180) est le dernier des souverains connus sous le nom des « cinq bons empereurs » et le dernier de la Pax Romana, une époque de paix et de stabilité relatives pour l’Empire romain.

[4] Dans le Tahiti des temps anciens, « L’éventration de la poule » atoreraa te moa ufa, symbolisait un combat sans merci jusqu’à l’anéantissement total d’un des camps. La guerre terminée, le camp victorieux commençait le travail d’extermination des femmes et des enfants, pour éradiquer la vengeance de ceux-ci.

2 réflexions sur “Point-barre-barre

  • BRAGARD JEAN-MICHEL

    Et bien ce n’est pas rien, mon cher Georgie, et il est probable que le ” néolithique “, avec ses haches en silex, aux effets ” déforestateurs “, ait participé, à l’ L’Holocène, il y a environ 10.000 ans, BP, à la fin de la dernière Glaciation, en Europe, à cette sédentarisation ” pré-bourgeoise-pré-citadine “, de pas mal de ” Cro-Mignons ” anciennement nomades, qui inventèrent ensuite, rapidement, agricilture et élevage, parcelles, clôtures et parchemins de propriété, reléguant ainsi les nomades restant à des ” sans – papiers méso ou paléolithiques “, les reléguant ainsi à une forme de ” juifs errants, gitans et autres romanichels interglaciaires “… Jean-Michel BRAGARD

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  • Jean-Luc Dalcq

    Tant qu’on ne permettra pas au “néolibéralisme” d’être le cannibale, descendant du dieu Baal ou Moloch dont il n’est que la prolongation, les pauvres continueront d’être menés en troupeaux badigeonnés par tous les cataplasmes de l’Eglise des Jésuites. Ceux-ci de dévots repentis en faux croyants finissent d’ailleurs quasi tous dans la politique.

    L’être humain, contrairement aux animaux, apparemment selon certains éthologues, éprouve depuis son avènement à l’Etat d’hominidé, une jouissance supérieure à faire souffrir son semblable mais également tout être sensible sur lequel il peut jauger sa capacité de transformation et plus exactement de nuisance. C’est le point d’orgue, l’éjaculation finale d’ainsi lorgner son vis-à-vis se tortiller comme un ver.

    Mais Rastapopoulos est grand, on y vient.

    J’ai lu dans un dernier article d’un journal vraisemblablement “complotiiiiiste” que l’Onu permettait dès demain, des relations entre des enfants et des adultes, sans contraintes, enfin, pour peu que les deux parties soient consentantes. Evidemment. N’est-ce pas ça le sens du “libéralisme” profond? Coucher avec sa fille est au départ interdit (relent de cette morale jésuite) on est bien d’accord mais si à six ans, elle est d’accord, n’est-ce pas ça le sens profond de la liberté? La loi ne dit pas encore si la fille de six ans pourra demander de l’argent à son père, qui la fera bien entendu souffrir (car telle est “notre” nature)avant peut-être de la noyer de plaisir, en compensation. mais ce n’est bien sûr qu’une première étape.

    Oui, il est grand temps que ce “néolibéralisme” assume totalement et pleinement toute sa vilénie, sans faux fuyants et autres insupportables démagogies purulentes, relents de démocraties avortées… Bref,son visage immonde à l’image de son créateur humain dont il n’est que le moule agrandi évidemment.

    Non?

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